L'Acrostiche #3 : aura-t-on assez de professeurs de maths ?
L'analyse du mois & le récap' de l'actualité éducative des dernières semaines
Bienvenue aux nouveaux abonnés de l’Antisèche ! Ce numéro est consacré à l’actualité éducative de ces dernières semaines. Pour ne pas manquer les prochains numéros :
Après la publication de la première étude de données de l’Antisèche le mois dernier autour de l’alternance, ce numéro revient sur les récentes et riches actualités de l’écosystème éducatif français. Retrouvez par ordre chronologique une synthèse des 4 annonces majeures de fin avril et de mai.
Retrouvez également à la fin de cette newsletter l’analyse du mois, en lien avec les événements d’actualité partagés.
Vous êtes pressé et préférez un recap’ de ce numéro ? Rendez-vous en bas de page pour le résumé de l’Acrostiche
News #1 - La réforme de la rémunération des enseignants
Le 20 avril le gouvernement présentait son plan de revalorisation du métier d’enseignant : une réforme qui touche le capital humain, un prérequis pour construire sereinement d’autres réformes ambitieuses.
La réforme présentée s’articule autour de trois points essentiels, avec pour objectif de mieux reconnaître l’engagement des professeurs et d’améliorer la qualité du service public de l’éducation :
Amélioration générale de la rémunération des enseignants, mise en place d’un minimum pour les débuts de carrières (2 000€ nets par mois)
Amélioration des perspectives de carrières (promotions facilitées)
Renforcement de l’attractivité des missions complémentaires (exemple : mission de référent numérique dans un collège ou un lycée)
News #2 - L’indispensable réforme de la filière professionnelle au lycée
La professionnalisation de l’enseignement figure au cœur des objectifs du gouvernement depuis 2017. Après la stratégie de développement de l’apprentissage, le MENJ (Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse) annonce réformer le lycée professionnel en profondeur.
À retenir : les 2 100 lycées professionnels de France regroupent environ 620 000 lycéens. Le taux de réussite de la filière professionnelle au Bac 2022 est le plus faible avec 82,2% (contre 96% pour le Bac général). 70% des élèves de seconde en lycée professionnel ont une “maîtrise fragile des mathématiques à l’entrée en seconde”, contre 20% pour la filière générale.
Cette réforme, assurément bienvenue pour les lycéens de la filière et s’inscrivant dans la lignée de la stratégie économique du gouvernement, s’articule autour de 3 piliers :
Mieux accompagner les lycéens (gratifications, choix d’options, etc.), lutter contre le décrochage scolaire, et renforcer l’attractivité de la filière
Replacer le lycée professionnel au cœur des enjeux économiques français (réindustrialisation, souveraineté économique, transition énergétique, etc.)
Moderniser l’approche pédagogique (accompagnement des chefs d’établissements, etc.)
News #3 - Les premières tendances de Parcoursup 2023
Le 16 mai ont été publiées les premières données sur le cru 2023 de Parcoursup, suite à la fin de la période de confirmation des vœux d’orientation des plus de 600 000 lycéens français concernés.
Données : à ce public s’ajoutent 163 000 étudiants qui souhaitent se réorienter en première année post-bac, ou qui se sont inscrits sur la plateforme par précaution. Un nombre en baisse dans l’absolu par rapport à 2022 (186 000) : -12,4%.
L’évolution de la structure des vœux des jeunes inscrits sur Parcoursup est détaillée dans la note flash du SIES numéro 5 de mai 2023. En complément de ces analyses, retrouvez ci-dessous le Top 20 des formations demandées sur Parcoursup en 2023 :
Que retenir de ce classement des formations les plus demandées ?
Une belle augmentation des vœux pour les formations scientifiques : les écoles d’ingénieurs post-bac, les prépas MP (Maths-Physique) et PC (Physique-Chimie), ou encore les licences de maths gagnent entre 14% et 25% de vœux par rapport à 2022
Deux nouveaux entrants dans le Top 20 : les licences de mathématiques (+7 places par rapports à 2022) et les écoles de commerce en 4 ans (type “Bachelor”), à la 21ème place en 2022
La filière STAPS perd plus d’un tiers de vœux confirmés entre 2022 et 2023
Par ailleurs globalement le classement des types de formations les plus demandées sur Parcoursup reste stable par rapport à l’année passée, à l’exception des CPGE (classes prépas) qui devancent les BUT pour se hisser à la 3ème place.
Ces résultats comparatifs globaux doivent être relativisés au regard des variations du nombre d’inscrits, de l’évolution de la structure des listes de vœux etc. À la fin de la procédure 2023, les données Parcoursup feront l’objet d’une Antisèche plus complète !
News #4 - Des engagements finalement non contraignants pour l’Enseignement catholique
Il y a quelques jours, le MENJ annonçait le plan de favorisation de la mixité sociale et scolaire dans l’enseignement. Dans le cadre de ce plan figure le rôle des établissements privés sous contrat. Il aura fallu de longs mois de discussions et de négociations entre l’Etat et l’Enseignement catholique pour parvenir au protocole signé le 17 mai.
Ce protocole et ses mesures finalement non contraignantes vise à “favoriser le renforcement des mixités sociale et scolaire dans les établissements d’enseignement privés sous contrat relevant de l’Enseignement catholique”.
Voici les objectifs clés à retenir de ce protocole :
Création d’un outil public à destination des familles pour améliorer l’accès à l’information, notamment financière, sur l’enseignement privé sous contrat.
Inciter les établissements à moduler les contributions des familles selon leurs revenus (objectif : +50% d’établissements engagés d’ici 5 ans) et à augmenter la part des élèves boursiers
Renforcer l’accueil d’élèves aux besoins spécifiques (ULIS, SEGPA, etc.)
Priorisation de l’implantation d’établissements dans des secteurs à forts besoins
Assurer un dialogue régulier entre l’Etat et l’Enseignement catholique pour le bon déroulement du protocole
L’analyse du mois : aura-t-on assez de professeurs de maths pour satisfaire les ambitions françaises ?
“On remarque quand même globalement un manque inquiétant de maîtrise des notions qui sont au programme du secondaire et que les candidats pourraient directement être amenés à enseigner”, Rapport de jury 2022 - CAPES externe (maths)
Au CAPES 2022 en mathématiques, près de 90% des 981 candidats présents à la première épreuve écrite (soit 54 candidats de moins que les 1035 postes ouverts sur l’année) ne savent pas montrer que “1/3” n’est pas un nombre décimal - une démonstration pourtant de niveau seconde. Cette anecdote qui peut faire sourire souligne deux problèmes plus profonds.
Une baisse générale du niveau d’exigence du CAPES de maths
Depuis 2022, le sujet de la première épreuve du CAPES de mathématiques (épreuve “académique”) est constitué d’un Vrai-Faux suivi d’un problème. En 2022 comme en 2023, une grande partie des problèmes est réalisable par un élève sérieux en Licence. Quant aux Vrai-Faux, la majorité des questions relève du niveau d’un bon lycéen - une situation relevée par plusieurs professeurs de mathématiques.
En 2022, le problème n’a pratiquement pas été traité par les candidats. Par ailleurs, 85% des questions du Vrai-Faux (“Problème N°1”) ont été mal traitées par plus de 50% des candidats :
Une chute du nombre de candidats
Par ailleurs, le nombre de candidats inscrits au CAPES de maths diminue pratiquement chaque année depuis 2005. En 2022 pour la première fois en plus de 15 ans, le nombre de présents aux épreuves d’admissibilité est inférieur au nombre de postes ouverts. L’année 2022 enregistre également les taux d’admissibilité et d’admission parmi les plus élevés (83% et 57%) :
2023 enregistre une légère amélioration. La situation devrait également s’améliorer suite à la revalorisation du métier d’enseignant détaillée plus haut dans les prochaines années.
Une situation ambivalente avec les ambitions françaises
Les mathématiques occupent un rôle central dans la construction de l’économie de demain : entre enjeux de réindustrialisation, développement des métiers autour de l’IA et autres secteurs d’avenir, transition énergétique, etc. Relever le niveau en maths des jeunes français figure d’ailleurs au cœur du programme éducatif du gouvernement. Une situation pourtant ambivalente avec le désintérêt croissant et la diminution du niveau d’exigence pour les nouveaux professeurs.
Le communiqué de presse du MENJ sur la mixité sociale et scolaire précise : “l’insuffisante mixité scolaire nuit à la réussite de tous les élèves et à la promesse d’égalité des chances de l’École républicaine”. Or, la promesse d’égalité des chances c’est aussi un accès équitable à un contenu académique de qualité homogène, notamment grâce au corps professoral.
Au-delà même de leur intérêt purement académique, les mathématiques forment les élèves à tout un panel de compétences indispensables dans une Société où tout un chacun pose désormais ses axiomes : apprendre à raisonner, démontrer ou encore réfuter.
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Le mois de mai a été marqué par l’annonce de plusieurs réformes dans l’écosystème éducatif, et la publication des premières données de Parcoursup 2023.
1 - Réforme de la rémunération des enseignants
Amélioration de la rémunération des enseignants
Amélioration des perspectives de carrières
2 - Réforme du lycée professionnel
Meilleur accompagnement des lycéens : gratifications, options, etc. & amélioration de l’attractivité de la filière
Nouvelle approche pédagogique : partenariats entreprises, formation des chefs d’établissement, etc.
3 - Protocole signé entre le MENJ et l’Enseignement catholique
Mesures finalement non contraignantes pour l’Enseignement catholique
Création d’un outil public d’information, incitation à moduler les frais selon les revenus des parents et à augmenter le nombre de boursiers
L’analyse du mois : aura-t-on assez de professeurs de maths pour satisfaire les ambitions françaises ?
CAPES de maths : baisse de niveau et des candidatures constatées dans les rapports de jury
Ambivalence avec l’importance des maths dans la stratégie nationale : réindustrialisation, secteurs d’avenir, transition énergétique, etc.